Verre à moitié plein ou à moitié vide
Par Igor de Maack, Gérant et porte-parole de la Gestion, DNCA Investments
Les semaines se suivent et se ressemblent avec des journées de fort rebond portées par de bonnes statistiques (ventes au détail aux Etats-Unis) et des rechutes liées soit aux angoisses de poursuite de propagation du coronavirus (fermeture des écoles et de certains quartiers à Pékin) soit aux tensions sino-américaines ou sino-indiennes (récentes attaques au Ladakh).
La reprise économique actuelle semble un peu plus forte que prévu (notamment en France) mais les dégâts sur les structures des économies ne sont pas encore connus. En effet, le consommateur veut « revivre » et « reconsommer » mais l’investissement des entreprises sera beaucoup plus long à réenclencher. Le sommet européen de ce vendredi doit jeter les bases d’un accord sur un plan de relance géant qui mettrait l’Europe sur la voie de la mutualisation et d’une certaine forme de fédéralisme fiscal et budgétaire. Malgré ces espoirs, la zone euro a encore connu une des plus fortes semaines de sorties des actions (plus de 3 milliards de dollars) sur les treize dernières semaines. L’aversion au risque est donc toujours au coin du bois chez les investisseurs même si l’Europe a cette fois ci réagi diligemment au contexte de crise.
L’or affiche toujours sa robustesse bienveillante pour des investisseurs en quête de parachute monétaire puisque les taux réels court terme des grandes monnaies de réserve sont toujours négatifs. Si certains secteurs sont ébranlés par la crise (transports, mobilité, tourisme...), on note parmi les discours des dirigeants des entreprises des messages d’espoir. Il est beaucoup trop tôt pour décréter que la reprise affiche un profil en « V ». Néanmoins, les montants gigantesques de liquidités déversées sur les marchés vont alimenter les valorisations et soutenir l’activité. Bien sûr la question de la dette et des déficits publics reste entière mais elle est repoussée sine die tant que les épargnants et investisseurs continuent d’acheter les obligations souveraines.
Alors évidemment vivre à crédit n’est sûrement pas la bonne solution mais si la génération actuelle arrive à toujours convaincre les générations futures de payer pour elle, il se peut que le système continue à fonctionner avec le levier et les taux zéro. C’est de toute façon à ce jour un contexte durable dans lequel l’investissement doit évoluer. En quelque sorte que le verre soit à moitié plein ou à moitié vide, l’investisseur est obligé de le boire s’il a soif.